Voici un documentaire que l’on pourrait regarder en ciné-débat mais que je voulais vous conseiller de regarder déjà comme ça, parce qu’il est inspirant pour avoir envie de bouger un peu.
Ce film aborde les questions de la science et de son utilisation, aujourd’hui et par le passé, pour expliquer le monde dans lequel on vit. Des exemples historiques permettent de montrer le fonctionnement et les ressorts de ce qui est appelé « la fabrique de l’ignorance », ou encore la fabrique du doute, qui est une sorte d’utilisation de la science contre la science elle-même pour brouiller les messages qui peuvent déranger.
L’industrie du tabac, des pesticides ou du pétrole ont utilisé ces méthodes pour instaurer le doute dans la population sur des sujets précis, et la portée des messages qu’ils portent est aujourd’hui démultiplié par l’utilisation massive des réseaux sociaux commerciaux friands de polémiques, créant des communautés convaincues que les autres ont tort et inversement.
Devant ce constat qui n’a rien de nouveau mais dont ce documentaire dresse un nouveau portrait, il semble aujourd’hui nécessaire de contrecarrer l’emballement de cette société. Comment ?
Du point de vue conscience numérique
Dans le cadre de la conscience numérique à laquelle on réfléchit au Labo M, il nous semble urgent de boycotter les réseaux sociaux commerciaux. En effet, en plus de se gaver des données personnelles utilisées pour favoriser une société de surproduction/consommation toujours plus destructrice, ces systèmes créent des bulles où les opinions les plus extrêmes et malsaines sont les plus partagées, où l’entre-soi aggrave l’intolérance et où notre temps d’attention tant recherché par ces acteurs est si bien capté, ne nous laissant pas le temps de développer nos volontés d’action. D’expérience, on perd peut-être certaines choses en quittant Facebook, mais on gagne un temps précieux et surtout une sensation de liberté soudain retrouvée – tentez-le, ça vaut vraiment le coup.
A une échelle plus large, il nous semble important de s’informer sur les dérives en cours et de soutenir les associations nationales qui luttent contre le détournement de l’outil qu’est le numérique au service d’un contrôle toujours plus complet de son usage et donc de la population qui l’utilise. Les dernières propositions de loi, comme celle sur la vidéo surveillance algorithmique (« nécessaire pour les JO 2024 ») ou celle surnommée chat control (« contre le chiffrement des données »), révèlent que l’état ne veut plus laisser aux GAFAM le privilège de tout savoir sur tout le monde, avec les conséquences que l’on peut voir dans d’autres pays plus avancés en terme de dictature du marché ou de l’état.
Ne les laissons pas faire. Il faut mettre ces sujets sur la table, traquer les détournements liberticides des outils numériques, analyser notre propre utilisation du numérique et tenter de l’orienter dans une direction viable et soutenable.
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Bref, bravo à Arte pour ses documentaires, à framasoft pour son esprit et ses actions concrètes, à la Quadrature du Net pour ses revendications, et Elon Musk pour avoir commencé à détruire Twitter et ainsi favoriser les alternatives libres comme Mastodon.
Ah, et pour tous ceux qui ont vu autre chose qu’un problème de numérique dans ce documentaire, c’est possible (voir très probable) ! Et oui on est tous soumis aux effets du biais de confirmation, qui nous fait particulièrement voir ce qu’on a envie de voir, bien plus que tout le reste : ma vision et cet article en sont de parfaits exemples : j’avais envie de parler de ça, on se refait pas ! :)
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J’oubliais, voici les liens pour voir le doc :
– en VOD (sur arte)
– en ligne (archive.org)